Elles sont deux, Joséphine Fossey, 32 ans, de mère suédoise, définitivement marquée par le design scandinave et l’esthétique forte de Wes Anderson, et Florence Lipszic, 38 ans, passionnée par les couleurs vives et la photographie. Elles se rencontrent chez Christie’s, aux départements impressionniste et moderne, et s’interrogent alors sur la place de l’art dans l’architecture d’intérieur. Elles fondent Atelier 27 en 2014, et comptent aujourd’hui plus d’une douzaine de salariés.
En quoi consiste votre métier ?
À raconter des histoires, à transcender les identités par le biais d’une ligne artistique forte. Lorsque nous nous sommes rencontrées, nous avons fait le constat que l’art, les objets, étaient toujours pensés à la fin des projets alors que pour nous, ils tiennent une place capitale dans l’histoire et l’âme d’un lieu. Finalement, nous sommes « Art storyteller ».
Ce métier n’existait pas en 2014 ?
C’est vrai ! Et il était largement temps de faire tomber les barrières entre l’art, l’artisanat d’art et la décoration, qui étaient alors complètement cloisonnés. D’une part, nous étions fascinées par le travail de nombreux talents émergents, artistes, artisans, designers… De l’autre, on pressentait une demande : de nombreux hôtels, clients privés, belles maisons, souhaitaient se constituer des collections d’œuvres et d’objets d’art porteuses de sens, et plus seulement décoratives. Pour créer de l’expérience, il faut créer du lien. Cela passe par un retour aux savoir-faire, aux pièces uniques.
Quel regard portez-vous sur ces sept années de succès ?
Si Atelier 27 a vite « grossi », c’est parce que notre travail et notre exigence répondent pleinement à cette quête de sens. À chaque projet, notre implication est totale, une relation de confiance et de complicité s’installe à chaque fois, et c’est notre plus grande réussite. Notre jeunesse nous a portées aussi, offert l’énergie nécessaire pour foncer sur des premiers projets qui étaient de taille (chalets privés, villas royales au Moyen-Orient…). Les premières années ont été rythmées par les nocturnes et les nuits blanches ! Mais nous n’avons jamais douté de notre savoir-faire, de notre valeur ajoutée… on a cru en nous dès le début. Après, il a fallu apprendre à maîtriser sa croissance, à recruter et former des équipes… Une leçon à retenir ? Savoir refuser des projets qui ne nous correspondent pas.