Reine cathodique avec son émission La Maison des Maternelles diffusée tous les jours sur France 5, maman de deux petits garçons, Agathe Lecaron a encore élargi son terrain de jeu depuis 2019 avec ron ron, sa propre marque de vêtements destinée à toute la famille. Interview mompreneur.
Comment s’improvise-t-on créatrice de mode quand on est animatrice télé ?
Je suis une touche-à-tout et après 20 ans de télé, j’avais besoin d’envisager petit à petit « l’après »… J’avais surtout envie de créer des vêtements sains pour mes enfants, et pour les bébés. Je n’en pouvais plus de leur mettre du benzène sur la peau… Je rêvais aussi de leur piquer leurs vêtements, alors pourquoi ne pas fabriquer pour toute la famille ?
Pourquoi une ligne de sportswear en particulier ?
Je ressens de moins en moins l’envie d’être sophistiquée. J’ai abandonné les talons, les vêtements étriqués, j’ai besoin de me sentir belle et à l’aise en même temps. Par ailleurs, le contexte me conforte dans cette direction : le streetwear, c’est parfait pour rester à la maison.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
C’est très difficile d’arriver à produire ce que l’on veut, où on veut. J’aimerais proposer que du made in France mais les usines sont tellement chères. Je fabrique des bonnets dans le Sud mais je ne gagne quasiment rien dessus, c’est vous dire ! J’ai eu aussi quelques ratés de débutante… comme celle d’avoir choisi une usine qui m’a livré 500 sweats avec une encolure pour nouveau-nés. Même mes enfants ne passaient pas leur tête !
Qu’est-ce que vous retenez de cette expérience à date ?
C’est à la fois excitant et stressant, mais c’est le cas pour tous les entrepreneurs je crois… En tout cas je suis fière du chemin déjà parcouru, parce que c’est un tout nouveau métier pour moi. Je suis vraiment sortie de ma zone de confort. Et puis c’est rafraichissant d’avoir d’autres interlocuteurs que des producteurs ou des patrons de chaîne.
Qu’avez-vous appris sur vous ?
Je ne pensais pas être capable à la fois d’entreprendre et d’imaginer une collection… Quand j’ai créé la première, je me suis dit que je ne pourrai jamais trouver d’autres idées. Je suis pourtant étonnée d’avoir à chaque fois de nouvelles envies, d’être capable de proposer des choses différentes. J’en suis assez fière.
Comment faites-vous aujourd’hui pour tout concilier : télé, entreprise et vie de famille ?
C’est sportif, mais comment oserais-je me plaindre dans le contexte actuel ? J’ai des espaces bien déterminés que je consacre à ron ron et entre deux tournages, je réponds à mes mails et j’essaie de gérer les urgences. Un secret : ne jamais procrastiner. Si on accumule, c’est fichu. J’apprends aussi à déléguer au maximum : j’ai un assistant qui gère le SAV, et une associée depuis peu. L’ancienne directrice artistique de la marque Bensimon, avec qui je confronte mes idées, et qui prend en charge une grosse partie du travail. Quant à mes enfants, je privilégie le temps « précieux ». Mieux vaut 10 minutes avec eux et rien qu’avec eux, plutôt qu’une heure à les observer d’un oeil en répondant à mes mails.
Des conseils pour entreprendre quand on a déjà une première activité par ailleurs ?
C’est plutôt confortable de se lancer en ne mettant pas d’emblée tous ses oeufs dans le même panier. On y met moins d’enjeux et le stress à l’idée de se planter n’est pas le même. Je conseille donc surtout d’entreprendre quand on a déjà un filet de sécurité… C’est deux fois plus de travail mais je pense que l’aspect galvanisant de l’entreprenariat compense largement.
Les trois grands principes pour optimiser les chances de réussite ?
Une certaine forme d’inconscience, le travail et l’apéro !
Comment gérez-vous le stress ?
Autrement que par l’apéro, vous voulez dire ? Je marche, je respire, je fais du yoga. Et quand je sens que ça monte, je chante. Ma famille est au bord du gouffre quand je fais ça, mais moi ça me fait un bien fou !
Si c’était à refaire, que ne referiez-vous pas ?
Je referais tout, car tout m’a appris. Même l’usine aux « petites encolures » parce que grâce à elle, mes fiches techniques sont impeccables.
