Avec un tiers de son territoire classé comme réserve naturelle, 60% de forêts, 8.000 grottes, une première édition du Guide Michelin 2021, trois belles régions viticoles et d’une frontière à l’autre, à peine trois heures de voiture pour passer des alpages à la Grande Bleue, la Slovénie est le nouvel eldorado de la slow life. Été comme hiver.
Ljubjana, pour un week-end…
… ou comme point de départ. 1h50 de vol depuis Roissy-Charles de Gaulle et d’emblée, le charme d’une petite Venise à l’architecture austro-hongroise. Élue capitale verte de l’Europe, elle est à l’image du reste du pays : douce, bonne vivante, où l’on y circule à pieds ou à vélo puisque le centre historique est fermé à la circulation. Traversée par la rivière Ljubljanica, on observe les paddles depuis la succession de petits ponts au charme romantique, on file respirer dans l’immense Parc Tivoli, on se perd dans les ruelles bohèmes du quartier Špica avec ses galeries d’art et maisons traditionnelles.
Parmi les incontournables ? Le Marché Central sur trois niveaux qui s’est installé dans les arcades signées de l’architecte historique Jože Plečnik. On y achète un saucisson d’ours et on s’attable en terrasse chez Moji Struklji (moji-struklji.si) pour déguster un plat traditionnel de grand-mère : une soupe au chou, haricots et carottes. Les locaux viennent, eux, y chercher le dessert non moins typique des Balkans, le Struklji (dans sa recette originale aux raisins, de préférence). Le soir venu, on prend le funiculaire pour monter au Château et s’installer boire un verre avec une vue à 360° sur la ville. L’hiver, la culture des marchés de noël n’est pas un vain mot et le rituel du vin chaud tout le long des quais prend ici toute sa dimension à la sortie des bureaux. Envie de ski ? La première station est à une demi-heure de la capitale. Avec un bon nombre de spots, on apprend ici à skier dès la petite enfance.
Dormir
C’est le dernier-né de cette capitale intimiste et peut-être le plus exclusif. Inauguré cet été après des travaux pharaoniques, il abrite une quinzaine de chambres aux volumes contemporains mais toutes rénovées dans les règles de l’art par les meilleurs artisans locaux et dans le strict respect du passé prestigieux de cette bâtisse historique, l’une des plus belles de la ville, le long du fleuve et signée de l’architecte Plečnik. — À partir de 229€ la chambre double en petit-déjeuner. zlataladjica.com
Déjeuner
Il ne paie pas de mine depuis la rue, et c’est à peine si l’on remarque ce bistrot contemporain d’une vingtaine de places, initié par le chef médiatique Bine Volčič. Pourtant, Monstera est de ces coups de coeur qui vous plongent dans les conditions les plus prometteuses pour découvrir ce pays gastronome. Les assiettes sont délicates et ce sont les cuissons, la cueillette locale et les épices du monde entier qui viennent bousculer le répertoire local. C’est tout. Et c’est jubilatoire. — monsterabistro.si
Un bar à vins
Il n’est pas question de finir dans un bar à cocktails quand ici, la carte de 300 références locales traduit la passion et l’expertise de ce petit pays en plein succès viticole. Guillaume, français, et slovène par amour, ne s’y est pas trompé en inaugurant cette cave à manger, devenue incontournable pour les amateurs de Ljubjana et d’ailleurs. — winebar.suklje.com
Dîner étoilé
Il fait partie des sept restaurants étoilés par le Guide Michelin pour cette première édition. Avec une allure de bistrot casual, mais aux détails délicats jusque dans le dressage, c’est déjà une découverte : chaleureuse, décomplexée et droit au but. À l’image de son chef, tatoué, jovial, voyageur au long cours, qui a fini par revenir poser ses valises. Pour le meilleur, car le Chef est exigeant et s’est affranchi des carcans. Résultat : des assiettes au cordeau, de l’audace, du gibier, des surprises. Tout sauf l’ennui. — restavracijaatelje.com
Des Alpes Juliennes à la côte Adriatique
Avec à peine trois heures en voiture pour aller d’un coin de la Slovénie à la frontière opposée, inutile de préciser qu’une bonne semaine suffit pour goûter l’ambiance rando-pique-nique au bord des lacs des vallées glaciaires, et avec 6°C de plus, à l’opposé tout au sud, la Dolce Vita des 47 kilomètres de côtes. Pas de plage en Slovénie, mais une ambiance presque méditerranéenne, une architecture toute vénitienne – on y parle d’ailleurs italien – et des paysages qui plongent dans la mer. Incontournable ? Piran, l’un des plus beaux villages de l’Adriatique. Pour les amateurs de pleine nature et de grands espaces, il faut remonter et emboîter le pas des Slovènes, sportifs, qui ont, pour beaucoup, le réflexe de filer marcher en famille. La carte postale par excellence : le Lac de Bled et son île, l’un des sites les plus visités du pays, entouré de montagnes. Bateau et randonnée dans la forêt jusqu’aux points de vue Mala et Velika Osojnica. Il faut monter visiter le château du 19e ,ne serait-ce que pour la vue étourdissante, et de préférence au coucher du soleil pour dîner ensuite sur place. Moins touristique, un peu plus bas, le Lac de Bohinj est aussi le plus grand et conduit à la Chute de Savica. Tout près de Bled, les Gorges de Vintgar offrent une balade magnifique sur deux kilomètres à pieds, le long des chutes et des rapides. Point d’entrée du Parc national de Triglav.
Dîner
Au Bled Castle Restaurant, pour la table qui combine la vue vertigineuse et une bistronomie contemporaine slovène typique, avec les poissons du lac travaillés sans chichis mais bien accompagnés, et arrosés d’une excellente sélection de vins locaux. — bled.si
Un peu plus loin… il faut s’aventurer dans les Alpes Juliennes et bien avoir anticipé son séjour pour obtenir une réservation chez Ana Roš, élue « Meilleure cheffe du monde en 2017 », désormais doublement étoilée, et à qui la gastronomie slovène doit en partie ses galons de nouvelle scène culinaire. Après une première carrière dans le ski alpin et des ambitions de diplomate (après des études de relations internationales et cinq langues parlées couramment), elle déroule dans le restaurant familial du petit village de Kobarid des assiettes minimalistes à partir du terroir qui l’entoure : forêt, ruisseaux, fleurs, baies… le résultat est avant-gardiste même quand elle sert de la truite marbrée ou de l’ours.
La culture des vignobles
Élue destination gastronomique de l’année 2021, la Slovénie ne compte pas seulement une scène culinaire émergente : elle se distingue aussi par sa petite production viticole, des domaines pour la plupart familiaux et naturellement engagés, pratiquant une vinification sans artifices. Finalement la suite logique d’une slow life qui n’a ici rien d’un effet de mode ou d’une prise de conscience récente. Trois régions principales et des climats très différents offrent à chacune une vraie typicité. Si les vins pétillants ont récemment gagné du terrain avec une méthode champenoise dont le vigneron français François Botton venu s’installer ici il y a une dizaine d’années s’est fait l’ambassadeur, c’est le vin orange – le meilleur du monde, avec le Dolium Muscat Ottonel de Zorjan – qu’il faut goûter avant de repartir. Produit à partir de raisin blanc et incarnant aujourd’hui « la quatrième couleur du vin », il est travaillé à l’extrême ouest de la Slovénie, en bordure de l’Italie, dans la région de Goriška Brda.
Dormir dans les vignes
Fraîchement inauguré cet été, Tri lučke est un concept d’écolodges ultra-contemporain, posé au milieu des vignes. Au total, une douzaine de chambres conçues comme des maisons particulières, aux lignes verticales et privilégiant le bois et le verre pour se fondre dans les collines de Prešnica. Une piscine à débordement, une excellente table locavore et des ateliers dégustation de leur propre domaine complètent le tout. — trilucke.com
Un vin pétillant
Le Domaine Slapšak, 100% familial et dont la nouvelle génération produit des vins selon la méthode champenoise, qui inclut le chardonnay, le pinot noir et un cépage typique très intéressant à notre goût : le žametna črnina. — domaine-slapsak.com
Une table au milieu des coteaux
Récompensé par le Guide Michelin encore une fois, cette table pop up s’est installée au sommet des rangées de ceps du domaine Slapšak le temps de terminer ses travaux. La cuisine, mi-bistronomique, mi-bluffante, est portée par un jeune couple pour le moins inspiré. Assiettes de partage, sourcing de compèt’ et philosophie farm to table sont au programme. — gostilna-repovz.si
