Éloquente, érudite et talentueuse, Aurélia Stouls a démocratisé le cuir sans lui faire perdre de sa superbe. Chez Jane de Boy, on adore ses collections tout en couleurs qui dynamisent n’importe quel look. Rencontre.
Pourquoi avoir choisi le cuir comme matière de prédilection ?
Je suis tombée en amour avec le cuir, sans doute parce que j’ai été styliste de chaussures pendant 20 ans. J’aime son rapport tactile, sensuel et surtout sa patine avec le temps qui subit de nombreuses transformations.
À travers Stouls, j’ai voulu travailler le cuir comme de la maille ou du coton, le dé-rigidifier en travaillant sa souplesse, le rendre universel comme le jean ou une paire de Converse… Lorsque je m’y suis attelée en 2003, il était encore souvent perçu comme une pièce sado-maso, ou alors très structurée façon Mugler et consorts. J’ai souhaité créer un tee-shirt en cuir qui soit lavable en machine…
Comment définiriez-vous Stouls en 3 mots ?
Couleur, mouvement, et joie !

Quelles sont vos « forever » muses ?
Mes muses sont des femmes de tout âge, qui travaillent, créent et assument leur fémininité… Des femmes libres qui se sont affranchies de leur condition, de leur culture, c’est mon militantisme féministe, c’est à la fois fluctuant et pluriel.
Quelle est la décennie qui vous inspire le plus ?
Les années 70 qui sont définitivement la décennie de la joie et de la liberté. Il n’y a plus beaucoup de joie aujourd’hui dans la mode, Kenzo en était sans doute un des derniers représentants…
Si vous ne deviez créer qu’en 3 couleurs, lesquelles seraient-elles ?
Le vert kaki (et tous les verts en général), le violet puissant (la couleur magique dans toutes ses nuances) et l’aubergine, un faux noir. Mon langage s’exprime surtout à travers les nuances de la couleur, je les conçois et les travaille ensemble pour créer des harmonies qui fonctionnent.
Le créateur ou créatrice qui a vos faveurs ?
Rabih Kayrouz, un véritable artiste qui travaille aussi beaucoup la couleur, comme Yves Saint Laurent en son temps.
C’est quoi pour vous, le mauvais goût ?
Pour moi, le mauvais goût est davantage lié à des personnes et des circonstances qu’à une pièce spécifique. L’exemple le plus criant, c’est d’imaginer Gisèle Bündchen bronzée sur une plage brésilienne avec une ficelle de string qui dépasserait de son jean. Sublime ! Et bien, prenez la même ficelle de string et faites-là apparaître sur une femme au corps moins parfait, dans une rame de métro et tout de suite… Ça ne fait pas rêver ! C’est la même chose avec les assiettes à fleurs, la mini-jupe ou le nœud papillon, tout est affaire de circonstances…

Avec quoi ne vous verra-t-on jamais ?
Des baskets. C’est un produit fascinant pour la création, mais sur moi ce n’est pas possible, je ne me reconnais pas, j’ai pourtant tout essayé !
Que trouve-t-on sur votre moodboard de l’été 22 ?
Des tailleurs « petite veste » et mini-jupe juste posée sur les hanches. Mais aussi des pantalons fluides, des robes portefeuilles légères, ou alors une coupe débardeur moulante. On oscille dans l’hyper-féminité, des 70’s aux 90’s ambiance Sex and the City.
Si vous n’étiez pas dans la mode, que feriez-vous ?
Dans une autre vie, je serai chanteuse. Un mix entre Véronique Sanson, Ella Fitzgerald et Mélodie Gardot. Auteure-compositeur-interprète, ça m’irait très bien. Mais dans cette vie, j’étais vraiment faite pour être créatrice de mode, je le sais depuis le collège.
— Crédit photo principale © Sophie Bramly
